déc 28 2011

[Edito] Le musée virtuel de la figurine

Coolminiornot est le site le plus populaire dans le monde de la figurine. Avant tout une immense galerie, le site anglophone permet aux inscrits d’attribuer une note sur 10 aux pièces présentées. On y retrouve des peintres de toutes les origines, des pièces de tous les niveaux, et une activité très dense. Derrière la galerie artistique générée par le site, le classement des figurines dépend de l’humeur des visiteurs, et les pièces ont donc tendance à être désacralisées. C’est un site hiérarchisant nos p’tits bonshommes et faisant parfois parler de lui pour les notes particulièrement basses obtenues par certaines pièces, mais aussi une source d’inspiration énorme qui donne de nombreuses idées, qui entretient la motivation nécessaire pour se lancer dans des projet d’envergure. Coolminiornot illustre une volonté générale de pouvoir entretenir une esthétique et une culture du goût en parallèle d’une culture de la subjectivation. On peut noter des figurines à la chaîne sans même leur accorder du temps, ce à quoi personne ne prétend lors des expositions. Pour se retrouver dans la tête du classement, il faut savoir faire de belles photos, donc soigner ses prises de vues, mesurer l’éclairage des pièces. Certains s’en vont même à retoucher leur travail via photoshop, mais là on tombe dans les questions de reconnaissance et de gloire.

Coolminiornot me fait donc penser à un musée, mais pas à un musée quelconque, un de ces musées d’art contemporain où tout le monde se permet de critiquer rapidement et « efficacement ». En rendant jugeables nos figurines, Coolminiornot entretient une tyrannie de la majorité, favorise malgré sa pluralité une certaine uniformisation des styles, des modes. Mais j’apprécie Coolminiornot car j’aime m’y balader, parce que j’y découvre plein de choses que je n’aurai jamais eu l’occasion de voir dans les salons. Et pour que les individus y participent, il faut qu’ils puissent accéder à des honneurs, et donc êtres en mesure de noter ou de se faire noter. Il serait donc dangereux de ne voir ici que des inconvénients. Coolminiornot est un site que je visite presque tous les jours, mais pour être franc, je ne fais même plus attention aux notes, je suis à la recherche d’une émotion, de ce quelque chose qui me fait vibrer et qui m’arrête soudainement.

D’une certaine façon, Coolminiornot ringardise notre passion et là rend sûrement trop sérieuse, mais c’est aussi un lieu où on prend plaisir, un lieu de rencontres. Rencontre de deux esprits, celui du créateur (peintre/sculpteur), et celui du visiteur. Malgré le fait que ce ne soient que des photos, une relation s’établit, comme dans un musée traditionnel, et la figurine devient alors un miroir, transporte en elle une imagination, un univers. Mais les expositions le font très bien, et même mieux, alors je t’invite à continuer de surfer sur Cmon, mais aussi de te rendre accessible aux figurines, de faire preuve de patience avant de cliquer sur la note fatidique, bref, de s’arrêter dans la course du jugement. Coolminiornot se doit d’être un grand musée virtuel de la figurine, pas un concours de popularité.


août 23 2011

Art et figurines

La figurine est-elle un art ? Voilà une question qui a fait le tour du net et à laquelle tout le monde s’est un peu forcé de répondre. Aujourd’hui, je décide de partager mon point de vue à l’égard du sujet. Par définition, l’art étant la transformation de la nature, la figurine rejoins les disciplines artistiques au même titre que la peinture sur toile, le cinéma, la musique, la littérature… Quand on réalise une figurine, on cherche à faire quelque chose de beau, à suivre une mode esthétique et à créer un objet reconnu par les autres passionnés. C’est ici que l’on peut rapprocher la figurine au rang des « beaux-arts ».

En regardant à travers l’histoire, on constate que l’art a évolué, et en divisant cette évolution en deux parties distinctes, on y retrouve des caractéristiques à la figurine. Alors qu’avant, l’art se voulant une représentation parfaite de la nature, au point même de donner le vertige au public (ce qui se reflète dans l’univers « historique » des figurines), il s’est manifesté  par la suite comme la volonté de s’échapper du monde, de surprendre le spectateur et de le marquer, de changer les habitude d’une société à un temps donné, de transmettre une énergie capable de changer le cours des choses (on fait ici le rapprochement avec les figurines dites « fantastiques »). La question qui se soulève désormais est la suivante : Est-ce que le monde de la figurine est animé par cette recherche artistique ? En prenant l’exemple d’une exposition, on constatera que la figurine est, en général, abordée comme un loisir, comme l’occasion de nouer des liens et de se faire reconnaître par d’autres individus. Y aurait-il alors très peu d’artistes dans le monde de la figurine ? C’est fort probable, mais c’est aussi un peu le cas dans toutes les autres activités artistiques. Au cinéma, il y a les guignols qui cherchent les thunes en étalant un maximum les flingues et les nibars, et les types qui posent des questions en s’émancipant des codes moraux. Ce qui est beau dans la figurine, c’est que, pratiquée par des passionnés, elle ne se veut en aucun cas le moyen de s’enrichir ou de créer un tempérament sérieux. Elle permets même de s’amuser en abordant des thèmes humoristiques. C’est plus que des bouts de plombs et des morceaux de plastique, c’est une envie de se rapprocher autour d’une même activité, de se comparer, de discuter. En figurine, on retrouve surtout la question de l’art quand les peintres ou les sculpteurs font preuve d’originalité, quand ils souhaitent montrer que notre activité, outre le bien être qu’elle est en mesure de nous procurer, reste un excellent moyen de s’exprimer et de créer, et ainsi de résister aux conformismes techniques capables d’alourdir l’intérêt porté à nos bonshommes.

Je vais désormais partager les pièces qui, selon ma vision des choses, ont marqués le monde de la figurine.

Commençons donc par une pièce de Marjin Van Gils, présentée à la Wolrd Expo le week-end dernier. Le figuriniste, reconnu dans le monde entier pour ses pièces engagées, revient sur un sujet apprécié par bon nombre d’artistes, la télévision. Il va plus loin que l’idée de manipulation que nous réserve la machine, il incorpore de la laideur à la scène, il souligne la décadence d’un type, un désespoir, une désillusion permanente et une incapacité de penser. Il dresse le portait d’une société au plus bas, où la solitude s’empare des hommes alors qu’ils sont de plus en plus nombreux sur terre.

La célèbre Mickette de Allan Carrsco. Ici, la figurine prends une tournure menaçante et c’est un système entier qui est dénoncé, un produit de consommation et de spectacle.

Une pièce de Jean Jacques Delorme, sculpteur spécialisé dans la réalisation d’animaux à qui il donne admirablement la vie. Il repeins la nature d’une adresse vertigineuse.

Cette tête de tortue réalisée par Rémy Tremblay livre un message sur l’homme, sur son impossibilité  à maîtriser ses déchets (le sac plastique en l’occurrence) et son aveuglement face à la nature, cette non prise en considération du différent.

Cette fois-ci, l’œuvre (je n’ai plus le nom de l’auteur) mets en évidence plusieurs personnages et choisi comme cadre un univers futuriste pour évoquer à sa manière une misère humaine, un manque, une frustration, un désir. Aborder le sujet sous l’angle de la figurine nous ouvre d’une autre façon les yeux.

À voir ici.

Finissons par le banquier de Jérémie Bonamant, pièce prononçant un vrai dégoût vis à vis de la hiérarchie sociale et de l’exploitation économique entraînées par l’argent. À travers ce visage, on arriverait presque à ressentir la peur qui anime l’individu, cette peur de perdre ses biens et de ne plus être considéré parmi les autre, mais on dissimule aussi l’autorité procurée par cette abondance de richesse. La tomate écrasée sur le socle est comme un cri de révolte, une énergie qui semble vouloir conquérir le public.

N’arrivant pas à insérer actuellement la photo de la figurine en question, je t’invite à suivre ce lien.

Avec une question telle que l’art, les réponses sont souvent incertaines et on reste dans l’impossibilité de répondre de manière radicale. Et c’est là que le débat est vraiment intéressant ! Il reste en tout cas primordial d’établir son propre avis, de se questionner, de prendre du plaisir et de libérer notre force créatrice sur ces bouts de plastiques et de métal, de s’exprimer librement et de s’arranger pour garder réconfort dans notre activité. Et sache que si j’ai écris cet article, c’est avant tout pour pouvoir en discuter avec toi, alors n’hésite pas à me laisser tes impressions. Longue vie à la figurine !